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Journal de Tristan Lisabelle

30 décembre 2009

Heureux Aïd

J'eus l'heur, l'an dernier, de partager un bureau, toute une matinée de réunion parents/professeurs de lycée de Seine-Saint Denis durant, avec un zozo mien collègue qui, après avoir demandé aux parents s'ils comptaient fêter l'Aïd, prenait un air embêté en cas de réponse positive et se mettait à expliquer que ça tombait mal vu que c'était le jour où il prévoyait l'évaluation en course d'orientation, justement, et que ça serait pas à nouveau possible un autre jour rapport à la brièveté du troisième trimestre... Saloperie de calendrier lunaire!
Il n'était pas positivement hostile à l'Aïd, et même, il semblait réussir à éprouver une espèce de généreuse bienveillance à l'égard de ce projet de sauterie qui s'était répandu parmi les parents d'élèves de la classe comme une traînée de poudre. Mais enfin, il y avait le principe de réalité et il fallait bien quand même que les parents soient mis face à leurs responsabilités: Aïd ou évaluation en bonne et due forme.
On ne dira jamais assez à quel point le jeune enseignant apprend au contact de ses aînés. Je restai bien entendu en retrait la vingtaine de fois où la scène se reproduisit, mais j'engrangeai savoir et expérience et, l'année suivante, à l'occasion du petit Aîd – puisqu' « ils le fêtent deux fois » comme le rappelait récemment un proviseur adjoint, « alors qu'ils sont même pas obligés » - je les mis à profit. Je notai, en pénétrant dans ma petite épicerie de quartier, que le vendeur était étrangement enturbané et arborait un air plus solennel qu'à l'habitude. J'attendis le moment où il me rendait ma monnaie pour lui lancer un « heureux Aïd ». Posant sa main sur son coeur, il me remercia avec un grand sourire. Je crus qu'il allait pleurer. Il y a tout de même beaucoup de politesse chez ces peuples. Il paraît qu'en Afrique, il y avait aussi beaucoup de reconnaissance dans le regard des femmes que les colons pensaient à détacher après les avoir violées.

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29 décembre 2009

JE DOIS ETRE ENCEINTE

Enfin, c’est l’explication la plus plausible.
Peu dormi hier.
Dors pas cette nuit.
Ou alors mes élèves me manquent. J’ai rêvé, dans le temps que Morphée m’a chichement imparti, d’une ancienne mienne louloute en sixième enseignée. Elle était avec ses potes, de nuit, dans une longue avenue, debout sur un banc public posé sur un terre-plein central. Ca faisait les malins, et deux petits gars s’amusèrent à rester sur la chaussée alors que j’arrivais avec ma belle automobile (... si c’était elle qui me manquait?). J’ouvris la fenêtre, dis je ne sais quoi, et elle: “Pédé”, avec l’air de ne pas le dire. Et puis une deuxième fois.
“Tu sais qui je suis?”
“On s’en fout”
“Tu sais qui je suis?”
Je sors. Alors, elle me reconnaît. Elle a l’air de se sentir mal.
Ou alors mon lycée me manque. J’ai rêvé - et je m’étonne d’avoir tant rêvé vu les suppressions de poste au pays du dodo - de mon proviseur. Il passait la main, suite à une crise, à un autre proviseur. Il me semble que le nouveau était de gauche, ce qui faisait que l’ancien était de droite. Et il me disait, à moi, qui suis ce que vous en penserez comme vous vous en rendrez forcément compte, qu’il allait m’appeler - et je comprenais que j’avais une place dans son lycée de droite!
Ou alors, décidément, les temps à venir m’inquiètent.
Ou alors, enfin, la solitude me pèse.
Aussi est-il temps d’être agressif, c’est-à-dire, strictement, d’être celui qui marche au-devant de l’obstacle, fût-ce pour constater que ce n’en est pas un.
Aussi est-il temps d’accoucher.

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